Libérale, pas tant que ça...

Publié le par arnaud


     La libéralisation des échanges, une utopie qui comme toutes les autres voudrait tendre vers la paix, l'égalité, le bonheur. Avec ce discours, "laissez le marché se réguler seul, les choses s'équilibreront d'elles mêmes", le libéralisme parait recevable dans la théorie. Dans la théorie chacun est libre de choisir entre deux produits, entre deux entreprises aux valeurs et aux éthiques différentes. Dans la théorie chaque pays peut choisir d'ouvrir son marché à telle ou telle multinationale, de signer des contrats avec tel ou tel partenaire.


     Dans la pratique les marchés sont libéralisés certes, mais les choix sont-ils libres? Peut-on dire d'un système qu'il est libérale si les informations portant sur les produits ne le sont pas? Notre système "libéralisé spéculatif" est en lui-même un paradoxe. Quel intérêt de spéculer si tout le monde possédaient les mêmes outils permettant de faire les meilleurs choix? La spéculation repose bien là-dessus, le but est de faire de l'argent grâce à des informations que d'autres ne connaissent pas. L'argent gagné par la spéculation c'est la différence entre les bons choix des consommateurs, et les choix qui ont finalement été fait. On fait de l'argent sur des produits que tout le monde achète, actions, pétrole, coton, huile, blé mais avec des informations dont très peu ont accès.  Il faut savoir lorsque le blé va monter ou chuter. Il faut connaitre les stratégie des grandes entreprises. Il faut en résumé appartenir à un cercle fermé. Il faut avoir accès au capitale et aux mains qui le manipule.
Imaginez  un employé possédant des actions dans sa société. Il a connaissance d'un problème au sein de celle-ci, il doit vendre ou ne pas vendre son bien. Il devrait attendre que l'information soit public. Mais l'actualité nous montre que ce n'est bien souvent pas le cas.
La libéralisation ne pourrait être constructive que dans le cas ou l'information serait elle aussi libre.


     La libéralisation est exposée en modèle, car elle fonctionne bien pour ceux qui la maîtrise. Et maîtriser l'information n'est pas la seule manière de modifier ce système à l'avantage des puissants. L'information est une faille globale du système mais les pays riches ont trouvé bien d'autres stratégies pour maintenir leur économie.
Je tire ce qui suit de "Un autre monde" de Joseph E.Stiglitz, prix nobel d'économie en 2001.

     Les principes restraignants le "libre échange" Nord-Sud, Sud-Nord sont les suivants:


                    -les escalades tarifaires

Imaginons un pays, la france, qui ne produirait pas d'orange. Elle pourrait supprimer les droits de douanes d'entrées d'oranges au nom du libre échange (il n'y aurait, en plus, dans cet exemple aucun producteur français à protéger). Elle pourrait cependant ne pas décider de supprimer les droits d'entrée pour les oranges transformées comme les jus de fruits, confitures... De cette manière elle pourrait soutenir son industrie. Elle importerait des oranges et les transformerait sur son territoire. Ce système implique  un poid sur l'économie du pays producteur et ce serait en plus à son tour de faire un geste. La france aurait déjà ouvert son marché aux oranges.


                    -libéralisation des capitaux et non des travailleurs

Les pays développés sont riches en capitaux, les pays pauvres en main d'oeuvre. Les principaux accords de libéralisations portent sur les services, les banques et la finance. C'est à dire que les pays riches peuvent exporter leurs biens et en rapporter les fruits. Les pays pauvres ne peuvent en faire de même, envoyer leurs avantages (les travailleurs) qui pourraient rapatrier au pays le fruit de cet échange leur est exclu. Il ne faut pas se demander où naissent les déséquilibres...


                    -les mesures de sauvegardes

Les pays peuvent afin de créer une période de transition adopter des mesures de sauvegardes pour sauver certains domaines de productions. Elles permmettent de bloquer les importations venant d'un pays. Elle sont censés être prises pour laisser le temps aux entreprises d'augmenter leur efficacité ou bien de changer d'activité en douceur. Ces mesures sont bénéfiques si justifiées. Le problème est que les états sont les seules juges. Par exemple une hausse d'importation du textile chinois devrait ne pas pouvoir être sanctionné s'il est accompagné d'une baisse des importations du bengladesh.


                    -les droits antidumping

Joseph E. Stiglitz accuse les Etats-Unis de beaucoup pratiqué ce droit. Il s'agit ici de s'assurer qu'un produit n'est pas vendu en dessous de son prix de revient. Dans la théorie l'objectif est louable, il évite qu'un pays puissant accepte un lourd déficit pendant un temps, pour éliminer la concurrence, et en tirer les bénéfices par la suite. Dans la pratique le problème est que là encore l'état est le seul juge. Pour décider si le recours à ce droit est nécessaire il faut calculer le coût de revient du produit et le comparer au prix de vente. Trop souvent ce coût est calculer de manière occulte. Le coût de la main à prendre en compte est celui du pays vendeur ou acheteur? Le choix se fait selon les arrangements.


                    -obstacles techniques

On pense ici évidemment aux normes. Elles sont évidemment une évolution. Seulement tout n'est pas rose et il faut bien faire attention qu'elles ne poursuivent pas d'autres objectifs.
Dans un autre registre, on peut associer aux obstacles techniques le principe de précaution. Les Etats-Unis refusent l'entrée de la viande de boeuf brésilien depuis la "vache folle" alors qu'il a été certifié qu'elle n'est pas contaminée. Ici de nouveau c'est le fait que l'état soit le seul juge qui permet ces injustices. C'est le libéralisme quand ça arrange. Les Etats-Unis encore s'indigne lorsque les OGM ont du mal à entrer en europe et peuvent très bien décider d'interdire les importantions de fromage au lait cru.


                    -règles d'origines

Au cours d'accord bilatéraux les pays débatent sur l'ouverture de certaines branches de leurs marchés respectifs. Dans la balance les pays riches mettent la pression. Ils peuvent exiger pour ouvrir la marché du textile que 100% ou 95% des vétements aient été fabriqué dans le pays. Dans un système globalisé ce genre de contraintes peut se révéler contreproductif. Et rapidement cet avantage accordé par le pays riches ne peut plus en être un. Pendant ce temps la contrepartie accordée au pays riche par l'autre peut continuer à fonctionner.



     On le voit les moyens de créer un libéralisme à sens unique sont nombreux. Si les pays du Nord se soumettaient au vrai libéralisme peut être que cela marcherait, ou peut-être qu'on se rendrait compte que ça ne fonctionne pas.
Il ya une autre chose à retenir c'est le fait que lorsqu'il y a des accords à signer, beacoup de petits pays n'ont pas les moyens des grandes délégations composées entièrement d'experts au services des pays riches. Et encore une fois cette inégalité de l'information participe grandement aux déséquilibres des accords qui sont signés. Des instances internationales devraient palier à tout ces manquements.

Changeons, ou bien appliquons à nous même ce que nous pronons pour les autres, ça nous donnera peut-être l'envie de changer. (plutôt comme cela? Appliquer à nous même ce que nous pronons pour les autres, tel est le moteur du changement" )

Publié dans Réflexion économique

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