EPS/Obésité : Un problème de POIDS*!...

Publié le par Manu

  Il ne s'agit pas dans cet article d'un cours sur l'obésité, d'autres ouvrages ou sites spécialisés s'y prêtent largement, c'est pourquoi les rappels concernant la maladie seront succints. L'objectif est plutôt de tenter de vous faire prendre conscience des logiques gouvernementales actuelles au regard de ce problème majeur. Mon analyse consistera donc d'essayer de sensibliser l'opinion mais aussi d'apporter quelques solutions pédagogiques notamment au travers de l'Education Physique et Sportive (EPS).


Aujourd'hui, il n'est plus question de relativiser lorque l'on aborde l'obésité a tel point que le monde médical parle de fléau, d'épidémie. Après avoir contaminée les Etats-unis, elle s'installe en Europe et notamment en France. Les conditions de santé des jeunes français se dégradent de plus en plus dans la mesure ou les facteurs liés à l'obésité sont multiples: mauvaise alimentation, hérédité, sédentarité, alcool, tabac, stress ( souvent à l'origine des conduites boulimiques),....


Rappelons que l'obésité correspond à un excès de masse grasse du à une surchage en tissu adipeu dans l'ensemble de l'organisme (définition globale du dictionnaire). Un individu est considéré comme obèse lorsque son Indice de Masse Corporelle (IMC) est supérieur à 30 tandis que le surpoids concerne les individus dont l'IMC est supérieur à 25.

 

Obésité ; IMC = masse en Kg / (taille en m)² >30


Avant d'analyser la légitimité de l'EPS à l'école au regard du problème de l'obésité, il me semble nécessaire de "planter le décor" afin de mieux comprendre pourquoi nous en sommes arrivé à ce stade si critique. Le constat est le suivant actuellement dans notre société:

- la sédentarité chez les jeunes gagne du terrain (les loisirs sportifs tendent à laisser place aux loisirs "passifs"), on remplace l'activité physique par des jeux vidéos censés apportés les mêmes effets (les nouvelles consoles se reconnaîtront ici) . De plus, le temps qu'un enfant passe devant la télévision grandit chaque année (1).

- le nombre de licenciés dans les clubs diminuent fortement pourtant l'offre n'a jamais été autant diversifiée...

- la consommation d'alcool, de tabac et autres produits nocifs et/ou addictifs est banalisée par les jeunes.

                  (source image : site du RIF)
- de grandes marques de produits hypercaloriques innondent les marchés et ciblent ouvertement des publics jeunes (couverture de grands évènements, magazines, TV,internet,cinéma,... ). A ce titre, le système perd le contrôle et cautionne des abérations. Certaines boissons excessivement sucrées font figurent de remède pour parvenir à dépasser ses limites ( paradoxe des sports extrêmes ),

- les conseils en matière de santé figurent en minuscules aux côtés de puissants slogans publicitaires ...

Les exemples sont nombreux et le résultat est alarmant : l'obésité marque son terrain à tel point qu'actuellement 19% des enfants français sont concernés par un surpoids ou une obésité ...Le nombre d'enfants obèses a donc doublé depuis les années 1980. La jeunesse est malade et fait figure de proie facile, sans défense, influencable. Pour vous donner une idée chiffrée du phénomène nous pouvons citer les résultats du rapport de l'INSEE 2002 qui font état de 6 millions d'adultes obèses et 14,4 millions de personnes en surpoids en France. Toutefois, notons que si actuellement le gouvernement semble vouloir protéger la santé de ses conctiyens avec notamment la mise en place de nombreuses campagnes préventives contre l'obésité (type "manger 5 fruits et légumes par jour"/ "manger,bouger",...), c'est parce qu'elle présente un véritable coût économique ! En effet, l'obésité engendre un grand nombre de dépenses médicales et induit une plus faible productivité au travail. Nous pouvons donc déplorer cette tardive réaction qui consiste à prendre en compte le fléau seulement lorsque celui-ci devient à l'origine d'un manque à gagner...


  Au lieu des conséquences économiques désastreuses et si cher à notre gouvernement recentrons nous sur les conséquences sanitaires. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) stipule dans son rapport annuel de 2002 "qu'un grand nombre de pathologies évitables (dont l'obésité) tuent prématurément des millions de personnes et font disparaître des dizaines de millions d'années de vie en bonne santé". En effet, cette maladie engendre des troubles très variés : cardiovasculaires (augmentation du risque d'infarctus du myocarde du a l'ecombrement des artères), neurologiques, respiratoires, métaboliques (diabète type 2), hépatiques, digestifs, augmente le risque de cancers et provoque de l'instabilité psycho-sociale. Cette dernière composante est particulèrement présente et amplifiée chez les adolescents obèses. Cela se traduit par des individus dont l'estime d'eux-même est très faible au même titre que leur confiance. Ils optent très souvent pour des conduites d'isolement dues à de forts complexes et donc ne supportent pas la visibilité sociale. Cet état d'extrème fragilité à la fois physique et psychique peut être à l'origine de conduites suicidaires. Autants d'indicateurs qui expliquent forcément l'accroissement du nombre de décès prématurés.


L'EPS : Vers une perspective d'équilibre ?


L'OMS dans ce même rapport fait la promotion de l'exercice physique comme l'un des axes prioritaires d'intervention pour le développement de la santé. C'est pourquoi nous pouvons nous demander quelle place et quel rôle l'EPS peut-elle jouer dans cette intervention ?

A défaut de pratiquer une activité physique régulière hors de l'école, l'EPS semble être le seul moment, l'école étant obligatoire, où l'élève est "confronté" à une pratique physique. En effet, l'EPS s'adresse à tous les élèves quelques soit leurs difficultés ou handicaps. Contrairement aux autres disciplines, elle est la seule à pouvoir agir et proposer une éducation directement sur le corps. A ce titre, des études ont montré que les discours ou interventions trop théoriques ne marquaient pas les enfants et adolescents et n'étaient pas suffisantes pour modifier les comportements (2). Ainsi en proposant aux élèves une éducation qui leur permettra à la fois de mieux gérer leur vie physique d'adulte et de mieux se connaître, l'EPS éduque à la santé. La mission des enseignants d'EPS est double : ils doivent à la fois agir en prévention du surpoids et de l'obésité mais aussi intégrer dans leurs séances des contenus adaptés aux élèves déjà touchés par le fléau ( surpoids et obésité sont déjà bien visibles dans les classes). Plusieurs solutions pédagogiques peuvent être envisagées pour prendre en charge ces élèves en difficultés :

- leur redonner du plaisir à pratiquer afin de dépasser cette logique de confrontation et d'encourager une pratique extérieure à l'école

- les mettre rapidemment dans des situations de réussite pour qu'ils prennent confiance en eux.

- valoriser leurs progrès en insistant, en retour, sur leurs actions positives

-favoriser leur intégration dans le groupe classe en privilégiant des évaluations collectives, des situations où la visibilité sociale est faible ( son handicap ne doit pas sauter aux yeux des autres)

-travailler sur l'acceptation de leur propre corps

- s'intéresser à leur mode de vie et leur donner des conseils concernant leur alimentation

- les intégrer dans un projet à long terme contre la maladie qui regroupe à la fois l'élève, l'enseignant, la famille et le médecin.


  Autant d'objectifs qui doivent permettre à ces élèves de mieux se connaître et de mieux s'accepter tels qu'ils sont. Le rôle de l'EPS est de ce point de vue là primordial et les enseignants d'EPS possèdent quelques billes pour contrôler l'obésité et contribuer à sa diminution. Cepandant, encore une fois, un problème persiste : le taux horaire consacré à la discipline autrement dit la place accordée à l'EPS par les programmes. Le temps hebdomadaire est trop faible pour espérer endiguer le phénomène c'est pourquoi il est important d'envisager une pratique en dehors de l'école. On constate ici un paradoxe entre les finalités visées par le gouvernement ( gestion de l'obésité) et les moyens mis en oeuvre. En effet, la discipline possède depuis quelques années le nombre le plus faible de postes de recrutement au CAPEPS (400 en 2008) alors que sur le terrain les professeurs d'EPS manquent. Pour combler ces lacunes, le gouvernement fait encore une fois par souci d'économie budgétaire appel à des vacataires ou autres contractuels non diplômés ( une licence suffit) pour enseigner dans les établissements et ce pour toutes les disciplines y compris dans le primaire. La logique est donc de faire passer l'économie avant l'instruction, l'économie avant l'éducation, l'économie avant la santé et sur un plan plus large qui dépasse celui de l'éducation, l'économie avant la vie ...



A quand le jour où les réels besoins des élèves primeront sur les logiques monétaires ?

 



*Pour ne pas faire de tort aux scientifiques précisons qu'il s'agit plus précisement d'un excès de masse grasse dont il est question.

(1) (2) 1 adolescent sur 3 passe plus de 3 heures devant la Télévision ( Baromètre santé nutrition 2002: premiers résultats,Delamaire,Guilbert, Oddoux)

Publié dans Pédagogie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
excellent article!
Répondre